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Faire des rounds dans l’eau

Le briefing politique essentiel du matin.
Par ANTHONY LATTIER
Avec SARAH PAILLOU et ANNE-CHARLOTTE DUSSEAULX
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À BON ÉCOUTEUR, SALUT. Voici la meilleure excuse à donner si vous êtes arrêté pour port d’écouteurs en faisant du vélo (c’est interdit car très dangereux) : “Désolé, j’ai une otite, je suis obligé de mettre quelque chose dans mes oreilles.” C’est la réponse que fit hier un député du camp présidentiel, s’excusant de ne pas avoir de coton sur lui, à une policière l’ayant arrêté. Playbook a pu vérifier en direct que l’entourloupe fonctionne : il était à l’autre bout desdits écouteurs. Le parlementaire s’en est tiré avec un rappel à l’ordre verbal. Playbook incite tout un chacun à respecter le code de la route. Bon réveil à tous, nous sommes mardi 27 août 2024.
DIALOGUE DE SOURDS. Lui est accusé d’être dur de la feuille. Emmanuel Macron refuse d’entendre ce que les Français ont exprimé aux législatives, aux yeux des responsables du NFP qui ont redoublé leurs attaques hier soir après la publication du communiqué du président. Comme on pouvait s’y attendre, le chef de l’Etat y a officialisé son refus de nommer Lucie Castets à Matignon, la candidate du NFP à ce poste, ce qui a fait bondir Manuel Bompard, qui en appelle à l’article 68 de la Constitution….Fabien Roussel qui en appelle à la rue … Marine Tondelier qui en appelle au dictionnaire… Lucie Castets réagira elle à 7h50 sur France Inter.
Le veto se resserre. Emmanuel Macron a annoncé la reprise des consultations dès aujourd’hui avec “les responsables des partis politiques”. Mais pas tous. “La logique de faire des rounds c’est une logique d’entonnoir”, théorisait nuitamment un proche du chef de l’Etat. Exit donc LFI qui “a constitué un point de blocage lors du premier round de consultations”. Exit aussi le RN et le groupe d’Eric Ciotti qui ont prévenu le chef de l’Etat qu’ils n’entreraient dans aucune majorité.
Qualifiés pour le second round donc : les responsables de l’ex-majorité présidentielle, du groupe Liot, de la Droite Républicaine de Laurent Wauquiez ainsi que les trois autres partis socialistes, écologistes et communistes.
Sauf que le NFP, sentant sans doute poindre l’échec de leur opération Castets, avait pris les devants hier après-midi, en indiquant que les forces de gauche ne “participeront à de prochaines discussions” avec Emmanuel Macron que “pour travailler sur les modalités de la cohabitation” avec leur candidate pour Matignon. Ils devraient donc bouder la suite des consultations. Ce faisant, “ils endosseraient une forme de blocage” de la situation, sermonnait notre interlocuteur cité plus haut. Le fait est qu’il ne restera plus grand monde autour de la table.
Hors-champs. Le président veut alors ouvrir ses consultations et sortir de la logique des partis en échangeant avec “des personnalités se distinguant par l’expérience du service de l’État et de la République”. Sans donner de noms, l’Elysée précisait hier que les personnes consultées ne le seront pas forcément pour un entretien d’embauche à Matignon mais aussi pour simplement connaître leur avis sur la situation (ne vous emballez donc pas si votre téléphone sonne). La tournure “sibylline” du président aurait aussi pour but “de faire entrer dans l’atmosphère les profils comme Michel Barnier, Bernard Cazeneuve et autres”, pensait savoir un cadre du groupe EPR joint hier soir.
Encore le mois Jeux. Quoiqu’il en soit les futurs échanges seront physiques mais aussi téléphoniques. Si le président “veut aller rapidement”, son entourage se gardait bien, une nouvelle fois, de donner une quelconque date limite. Tout juste peut-on signaler que la cérémonie d’ouverture des Jeux paralympiques a lieu demain et qu’Emmanuel Macron se rend en Serbie jeudi.
DEMANDER LA FRACTURE. Pour l’Elysée, il faut désormais fissurer le Nouveau Front populaire. Si Emmanuel Macron ne cite à aucun moment LFI dans son communiqué, il s’adresse en revanche aux trois autres composantes du NFP (socialistes, communistes et écologistes), à qui “il appartient [désormais] de proposer des chemins pour coopérer avec les autres forces politiques”.
En off. Décryptage en français facile offert par un proche du chef de l’Etat : “l’idée c’est : qu’est ce que vous foutez avec eux ?” “Eux” étant les Insoumis. “On a des signaux internes de ces mouvements (socialiste, écologiste et un peu communiste) qui nous disent ‘on n’est pas marié avec les autres’ [LFI]”, précisait encore notre interlocuteur.
Le but de la manoeuvre serait donc de les faire sortir du bois. Quelques minutes après la publication du communiqué présidentiel, le chef de Renaissance, Stéphane Séjourné, n’a-t-il d’ailleurs pas exhorté, sur BFM TV, “les formations républicaines, dont les écologistes et les socialistes font partie, à rejoindre la table des négociations” ? “La stratégie vise à démontrer que le NFP n’est idéologiquement pas aligné”, nous confirmait une ministre démissionnaire.
L’espoir, c’est la rose. Les macronistes fondent beaucoup d’espoirs sur les députés du groupe socialiste et veulent croire que la ligne du premier secrétaire Olivier Faure d’une alliance avec LFI ne tiendra pas longtemps (on y revient plus bas). Ceux qui ont sondé le groupe PS assurent qu’il y a autant d’élus en faveur de la nomination de Lucie Castets que de Bernard Cazeneuve, qui figure sur la liste des premier-ministrables. Beaucoup ont aussi lu avec attention la tribune du député PS Philippe Brun appelant à “un accord de non-censure” d’un futur gouvernement entre groupes parlementaires.
Mais le NFP va-t-il exploser à court terme ? Certains dans le camp présidentiel en doutent. Pour un député EPR (Ensemble pour la République, ex-Renaissance), Emmanuel Macron reproduit la même “erreur d’analyse” qu’au moment de la dissolution : miser sur la désunion des partis de gauche. Le communiqué présidentiel devrait même “plutôt les renforcer” que les diviser, selon le même.
Chacun sa place. Notre interlocuteur doutait en effet que le président puisse, de là où il est, trouver la clé : “Institutionnellement est-ce au président de chercher une majorité parlementaire ? Pas vraiment.” Ce serait plutôt au Premier ministre de s’y coller donc. Encore faudrait-il en nommer un. Bref, ça patine.
Mal positionné. “Emmanuel Macron se place en tant qu’arbitre mais les autres le voient en tant que négociateur. Or, il est difficile d’être à la fois arbitre et partie prenante à la négociation”, jugeait hier un conseiller de l’exécutif, lui aussi sceptique sur la sortie de crise rapide. “Tu ne peux pas être roi et faiseur de roi en même temps.”
Circulez. A l’Elysée, on jure pourtant ses grands dieux que le président, qui a décidé de la dissolution, n’y est pour rien dans le blocage actuel. Le raisonnement en vogue au Palais : Emmanuel Macron est le garant de la stabilité du pays. Il aurait donc le devoir de ne pas nommer un Premier ministre qui serait censuré rapidement.
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ENFIN UN BN. Tout ceci a de quoi alimenter le bureau national du Parti socialiste (son organe exécutif) qui se tient aujourd’hui à midi. La direction du mouvement a finalement accepté hier la demande — répétée (Playbook vous en parlait déjà ici) et envoyée dimanche par écrit — de ses deux courants minoritaires, emmenés par Hélène Geoffroy d’un côté et par Nicolas-Mayer Rossignol de l’autre. Pour appuyer leur requête, ils rappelaient peser “51% du vote des militants sur l’orientation du PS” au dernier congrès de Marseille en janvier 2023.
Trop soumis. Les opposants à Faure appellent de toute urgence à une clarification de la ligne du PS qu’ils jugent inféodée à celle de LFI. Les dernières heures leur en auraient fourni un nouvel exemple. Un proche d’Hélène Geoffroy contacté par Playbook se disait estomaqué par la “faute majeure” commise par Olivier Faure, celle d’avoir co-signé — “sans même une discussion avec le BN” — le courrier déclarant que le NFP ne retournera pas à l’Elysée que pour discuter d’une cohabitation.
Vous allez voir ce que vous allez voir : “Nous allons parler haut et fort”, promettait-on dans le camp Geoffroy. Lors du BN, donc, mais aussi à Blois, où se tient à partir de jeudi la rentrée politique du PS.
ENVOYER UN MESSAGE. Outre la quête de Premier ministre, Emmanuel Macron a aussi été contraint hier de s’exprimer sur l’arrestation du patron de Telegram Pavel Durov ce week-end sur le tarmac du Bourget. Rappelant le souci de son pays pour “l’innovation et l’esprit d’entreprise”, le chef de l’Etat a clamé que l’interpellation du Russe n’était pas “une décision politique”. Et ce, en français et en anglais, afin qu’Elon Musk, propriétaire de X, et les responsables russes, qui s’indignent au nom de la liberté d’expression depuis dimanche, le comprennent bien. 
Ça énerve. Durov devra donc s’expliquer devant les juges sur le manque de coopération de sa plateforme de messagerie avec les autorités. “Cela fait un moment qu’ils énervent tout le monde à ne pas vouloir répondre aux demandes des autorités sur des dossiers crades”, a commenté auprès de ma collègue Elisa Braun un magistrat connaisseur des enjeux du dossier sans y être toutefois impliqué.
Ça GAV. Des dossiers “crades” ? Parmi les douze infractions évoquées hier par le parquet pour justifier les investigations figurent la complicité de diffusion de contenus pédopornographiques, la complicité d’escroquerie en bande organisée ou d’association de malfaiteurs. La garde à vue de Pavel Durov pourrait se poursuivre jusqu’à demain. Mon collègue Victor Goury-Laffont vous livre tous les détails ici (en anglais et en accès libre).
Pavel la vie. Martyr de la liberté d’expression ou cybercriminel ? Eva Hartog vous peint ici (en anglais) son portrait fait d’ombres et de lumières, un mélange entre Mark Zuckerberg pour son côté geek (il a créé le Facebook russe VKontakte) et Elon Musk pour sa mégalomanie (on l’a vu lancer à la foule des billets de 5 000 roubles pliés en avions en papier à Saint-Pétersbourg).
Paul du Rove. La France, quant à elle, entretient des relations ambiguës avec Durov et son application, vous racontent (gratuit et en anglais) mes collègues de POLITICO. Malgré les efforts du gouvernement, Telegram reste très en vogue dans le milieu politique, y compris parmi les macronistes. De plus, le millionnaire jouit depuis 2021 de la nationalité française, sous le nom de Paul du Rove. Il a bénéficié pour cela d’une procédure exceptionnelle dite de “l’étranger émérite”. Le ministère de l’Intérieur, qui nous a confirmé cette procédure, assure ne pas avoir eu son mot à dire dans l’affaire. De même que l’Elysée, qui affirme à votre infolettre que cette décision est une “démarche portée par le Quai d’Orsay” à l’époque, quand le ministère était dirigé par Jean-Yves Le Drian.
Emmanuel Macron reçoit à l’Elysée le Premier ministre irlandais Simon Harris à 17 heures.
Nicole Belloubet organise une conférence de presse à propos de la rentrée scolaire à 10 heures, en présence de Sarah El Haïry. Patrice Vergriete préside avec Amélie Oudéa-Castéra et Fadila Khattabi, une réunion sur les transports lors des Jeux paralympiques. Patricia Miralles est en déplacement à Marseille à partir de 8h50 pour les célébrations des 80 ans de la Libération de la ville.  
Yaël Braun-Pivet s’entretient avec Sonia Backès, présidente de la province sud de Nouvelle‐Calédonie et avec Mimsy Daly, présidente du Medef Nouvelle‐Calédonie.
Fabien Roussel se rend à Dunkerque pour la journée de la Mer organisée par les communistes de la fédération du Nord. Il prend la parole à 11 heures. 
Parti socialiste : le bureau national du parti se réunit à midi.
Les rencontres de la Fédération nationale des élus socialistes et républicains (FNESR) s’ouvrent à Blois, jusqu’à jeudi. 
Medef : deuxième jour des REF à l’hippodrome de Longchamp. A 9 heures, Sandrine Rousseau et Jean-François Copé, entre autres, participent à un débat sur la parité. A 11h30, Valérie Hayer participe à une conversation sur l’économie européenne. 
7h40. TF1 : Sébastien Chenu, vice-président du RN, député du Nord … France 2 : Eric Coquerel, président LFI de la commission des Finances à l’Assemblée nationale … RTL : Valérie Pécresse, présidente LR du conseil régional d’Ile-de-France  … RMC : Arthur Delaporte, député PS du Calvados.   
7h45. Franceinfo : non communiqué … Radio J : Prisca Thevennot, porte-parole du gouvernement démissionnaire, députée EPR des Hauts-de-Seine.  
7h50. France Inter : Lucie Castets, candidate du NFP au poste de Première ministre.   
8h10. Europe 1/CNEWS : Sylvain Maillard, député EPR de Paris. 
8h15. France 2 : Maxime Scotti, professeur d’EPS en REP à Chennevières-sur-Marne … Radio Classique : Jean-Louis Bourlanges, essayiste, ancien député européen … BFM Business : Patrick Martin, président du Medef … RMC : Guislaine David, secrétaire générale et porte-parole du Snuipp-FSU.
8h20. France Inter : Tony Estanguet, président du comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques, Marie Patouillet, paracycliste française et Michaël Jeremiasz, chef de mission de la délégation française pour les Jeux paralympiques … RFI : Julien Odoul, porte-parole du RN … LCI : Amélie Oudéa-Castera, ministre démissionnaire du Sport, des Jeux olympiques et paralympiques.   
8h30. Franceinfo : François Bayrou, président du MoDem, maire de Pau … BFMTV/RMC : Gérald Darmanin, ministre démissionnaire de l’Intérieur, député du Nord … Sud Radio : Laurent Jacobelli, porte-parole du RN. 
9 heures. RTL : Aurélie Trouvé, députée LFI de Seine-Saint-Denis.
AUJOURD’HUI DANS PARIS INFLUENCE : Telegram, appli chouchoute des politiques et honnie des régulateurs … Anticor sans nouvelles du gouvernement, Sherpa en relais sur le dossier Alstom … Le vadémécum des patrons pour Matignon. C’est à 7h30 pour nos abonnés POLITICO Pro.
MÉTÉO. Du soleil, pas de Premier ministre, des consultations… bonne journée de la marmotte !
ANNIVERSAIRES : Fabrice Le Vigoureux, ancien député Renaissance du Calvados … Guillaume Peltier, eurodéputé Reconquête … Didier Lallement, secrétaire général de la mer. 
PLAYLIST. Souvenir dominical : I Inside the Old I Dying de PJ Harvey. 
Un grand merci à : Océane Herrero, Victor Goury-Laffont, nos éditeurs Matthieu Verrier et  Pauline de Saint Remy, Sofiane Orus Boudjema pour la veille et Catherine Bouris pour la mise en ligne. 
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